Les confréries de Bonifacio prennent leur essor aux environs du XIIème siècle parallèlement aux métiers et aux corporations.

La confrérie de :
Aujourd'hui les confréries sont solidaires les unes des autres, et l'on devient confrère plutôt par sympathie dans l'une d'elles que par classe sociale. Foi, fraternité humaine et assistance réciproque semblent être leurs maîtres-mots.

Les statuts de ces confréries prévoyaient la réunion des membres en vue des besoins spirituels des associés et pour prier les défunts. Mais leur rôle fut également éminemment
social : elles pourvoyaient aux besoins matériels des confrères ou de leur famille et les assistaient en cas de maladie, prenaient en charge les frais d'obsèques et portaient les défunts en terre...

Elles ont, parfois par le passé, joué un rôle de véritable contre-pouvoir, s'opposant dans certaines limites, à l'Eglise comme à l'Etat notamment lors de la Révolution française où, bien qu'interdites, elles ont continué leurs activités. De nos jours, leur activité religieuse semble être davantage au service d'une cohésion sociale.

Participer à la vie d'une confrérie reste pour la communauté bonifacienne un élément d'importance : les jeunes se retrouvent aujourd'hui dans les confréries qu'ont fréquentées avant eux leurs pères et grands-pères. De même elles accueillent de nouveaux membres extérieurs à la communauté bonifacienne et qui s'intègrent à elle par ce biais.

Mais plus que la religion au sens strict du terme, c'est la construction d'un faisceau de relations humaines qui parait primer, les confréries sont symboles de convivialité avant tout.


Issue de la Confrérie du Saint Esprit, active durant les croisades, la confrérie de Santa Cruggi ou de Sainte-Croix fut chargée, dès le XIVème siècle, de la gestion d'un hospice civil, rue Saint Dominique : la Maison de la Miséricorde ou Domus Misericordiae. Les malades y étaient accueillis et soignés.

Confrérie de la Sainte Croix, descente de la porte génoise
reliquaire de la Sainte Croix
Aujourd'hui, la compagnie veille toujours pieusement sur son trésor le plus précieux :
un reliquaire doré qui abrite un morceau de la vraie Croix.

S'agissant de la croix à double branche, différentes version existent : certain disent qu'il s'agit de la croix archi-épiscopale, d'autres (notamment le chanoine Milléliri ministre du culte durant plus de vingt ans à Bonifacio) qu'il s'agit de la croix orientale, témoignage de la présence des franciscains dans notre cité.

Les confrères portent une cappa, ou aube, blanche et un cullarin, ou colleret noir, frappé à gauche d'une croix rouge à double croisillon. Pour sortir en procession en ville, la châsse de Sainte-Croix doit impérativement être accompagnée du premier magistrat de la cité ou de son principal représentant.

Pour Santa Cruggi, les deux plus importantes processions ont lieu le 3 mai, fête de l'Invention de la Croix, et le 14 septembre, jour de l'Exaltation de la Croix. C'est ce jour-là que sont élus les prieur, sous-prieur et trésorier de la confrérie. Cette confrérie participe également aux processions des Jeudi et Vendredi Saints, de la Fête Dieu, de Notre dame de Fatima, de Sainte Marie et du jour des défunts.



extrait notamment de l'ouvrage
la passion à Bonifacio
de Jean-Jacques
et Christian Andréani


Confrérie de Saint Jean-Baptiste

Des siècles durant les confrères de Saint Jean Baptiste ou de la Miséricorde ont porté secours à leurs nécessiteux concitoyens en quêtant à leur profit, en fournissant constamment une aide matérielle aux plus démunis et en garantissant à tous de dignes funérailles chrétiennes.

Les confrères de St Jean Baptiste portent, en signe de profonde humilité, une aube de couleur noire et un camail également noir.

Les différentes manifestations religieuses de la confrérie ont lieu :
  • le 23 juin à 21h (office chanté de St Jean Baptiste mais depuis 1914 plus d'installation de prieurs !),

  • le 24 juin (messe et procession),

  • le 29 août , jour de la décollation du Saint patron (messe et procession),

  • le 30 août à 8h l'office des défunts (1°notturno) suivie d'un messe des défunts à l'intention des morts de la confrérie est chanté.

Ainsi que les autres Confréries, la confrérie de Saint Jean-Baptiste participe également aux processions des Jeudi et Vendredi Saints, de la fête Dieu, de Notre dame de Fatima, de Ste Marie et du jour des défunts.


Confrérie de Saint Barthelémy


A l'origine, confrérie des maçons et des artisans de la ville.
L'habit traditionnel se compose d'une aube blanche et d'un camail rouge (brodés au fil doré pour les prieurs et sous prieurs).

Les différentes manifestations religieuses de la confrérie ont lieu:

  • le 23 août à 21h (office chanté de StBarthélemy avec l'installation des prieur et sous prieur pour l'année),

  • 24 août (messe et procession en l'honneur du Saint patron), cette procession offre un attrait particulier du à l'effort fourni par les confrères qui portent à travers la ville la châsse de St Barthélemy dont le poids est estimé à environ 800 kg.
Ainsi que les autres Confréries, la confrérie de Saint Barthélemy participe également aux processions des Jeudi et Vendredi Saints, de la fête Dieu, de Notre dame de Fatima, de Ste Marie et du jour des défunts.

    Confrérie de Sainte Marie Madeleine

    Regroupait jadis les agriculteurs, cultivateurs et vignerons.

    Vêtus d’une aube verte et d’un camail bleu. Les différentes manifestations religieuses ont lieu le 21 juillet à 21h (office chanté de Ste Marie Madeleine, avec installation des prieur et sous prieur pour l’année). Le 22 juillet (messe et procession en l’honneur de la Sainte patronne). Participation également aux processions des Jeudi et Vendredi Saints, fête Dieu, Notre dame de Fatima, Ste Marie et jour des défunts.


      Confrérie de Saint Erasme

      Confrérie des pêcheurs et des gens de mer, vêtus d’une aube blanche et d’un camail violet. La confrérie honore son saint patron le 01 juin à 21h (office chanté st Erasme avec l’installation des prieur et sous prieur et bénédiction du feu), le 02 juin messe et procession

      La confrérie saint Erasme fête aussi la St silvère le 20 juin (patron des langoustiers), Notre Dame de la providence ( le dimanche après Ste Marie ) Nativité de la vierge le 08 septembre à la trinité.

      Participation également aux processions des Jeudi et Vendredi Saints, Notre dame de Fatima, fête Dieu, Ste Marie et le jour des défunts.

      Le jeudi Saint les confrères de Saint Erasme sont présent lors des différentes processions avec les quatre confréries de la hautes ville.


        Afin de mener à bien toutes les cérémonies des jeudi et vendredi Saint les confrères s’attellent un mois avant à préparer leur confrérie, à savoir :
        • Contrôler l’état des aubes, des « fanas » ( sorte de lanternes portées par les enfants fixées au sommet d’une hampe ), confectionner les « cartatorci » ( littéralement papier tordu, flambeaux en papiers décorés aux couleurs des différentes confréries, aux centre desquels est disposée une bougie ).

        • Nettoyer les châsses et crucifix qui seront portés en procession.

        • Penser à commander les rameaux de palmier qu’il faudra faire bénir le dimanche avant Pâques.

        • Une semaine avant, faire les sépulcres ou reposoirs dans les églises respectives qui sont au nombre de cinq : Ste Marie, St Jean Baptiste, St Dominique, St François et St Erasme.

        Tous ces préparatifs sont exclusivement fait par les hommes ; les femmes interviennent pour orner les sépulcres une fois ceux-ci montés.

        • Aller tailler les branches de palmier pour préparer les « mazzüchi »
        • Autrefois les femmes confectionnaient dans leurs fours à bois les excellentes « fugazzi », gâteaux traditionnels à base de farine, sucre, vin blanc, huile, eau de vie (quelques familles perpétuent cette tradition), qui étaient avec les (non moins traditionnels anchois et thon), dégustées après les processions.


        Dès 15h30 les confrères des cinq confréries se retrouvent dans le choeur de l’église Ste Marie pour chanter l’office des ténèbres

        Après avoir allumé le grand chandelier portant quinze bougies, l’office peut commencer.

        Celui-ci durera deux heures et demie, au cours duquel les bougies seront éteintes les unes après les autres à la fin de chaque salmo, en commençant par le bas, d’abord à gauche, puis à droite.

        les "mazzuchi"
        A la fin de l’office, après avoir récité le dernier salmo suivi de l’oraison, la dernière bougie est éteinte ainsi que les bougies du maître autel ; à ce moment précis, les confrères se mettent à battre le sol avec les « mazzuchi » (branches de palmier taillées) rappelant les ténèbres et le tremblement de terre qui suivirent la mort du Christ.










        A 18h messe de la cène durant laquelle le Saint Sacrement est emmené en procession jusqu’à l’autel du sépulcre.

        A 21h début des processions dites des petites châsses (groupe de statues portées en procession). Depuis leurs églises respectives et chacune à leur tour, elles suivent le porte-croix tout de noir vêtu entouré des porteur de « fanas » et l’ensemble des confrères, « cartatorci » (flambeaux) en main.

        La confrérie de Sainte croix est la première, en chantant les Litanies des Saints, elle va se rendre successivement à Saint Dominique pour se recueillir devant le sépulcre, où sera chanté le «miserere», le «perdono mio dio», et le «cor jesus». Elle repart vers Sainte Marie, toujours en chantant les litanies et fait de même devant son sépulcre. Finalement retour vers la chapelle Sainte Croix. Après avoir chanter le « miserere » les confrères et tous les participants font un tumulte qui rappelle le tremblement de terre qui suivi la mort de Jesus.

        Le jeudi Saint, la châsse de Ste Croix, représentant Ste Hélène trouvant la Sainte croix sur le mont Golgotha, sort sans la relique de la Vraie Croix.





        chasse de Saint Jean-Baptiste entrant à Sainte Marie Majeure
        A 21h20 la confrérie Saint Jean Baptiste part vers St Dominique en chantant le « parce Domine » variante du Miserere. Après s’être recueilli devant le sépulcre en chantant le « miserere » le « perdono mio dio » et le « cor jesus », la confrérie repart vers Ste Marie pour répéter le même rituel, avant de retourner dans sa chapelle

        Les confrères portent en procession le Christ mort.

        A 21h40 Débute la procession de la confrérie de Saint Barthélemy (qui a son siège dans l’église St Dominique) par l’adoration du sépulcre de l’église ; elle se rend en chantant les Litanies des Saints à l’église Ste Marie et après s’être recueilli devant le sépulcre va rejoindre Saint Dominique.

        La châsse représente Saint Barthélemy tenant un couteau à la main droite.

        chasse de Sainte Marie Madeleine (détail)
        A 22h Départ de la confrérie de Ste Marie Madeleine qui a son siège également à St Dominique. La procession se déroule selon le même rituel que St Bathélemy.

        La châsse représente Ste Marie Madeleine agenouillée.

        Le vendredi Saint au matin

        A partir de 8h départ de Ste croix et toutes les 20 minutes, toujours dans le même ordre que le jeudi Saint avec cette fois St Erasme en plus, toutes les confréries, partant de leur église ou chapelle respective, en chantant les Litanies des Saints, sur un air différent de celui du soir, vont tour à tour visiter les cinq sépulcres, à savoir dans l’ordre St François, St Dominique, St Jean Baptiste Ste Marie et Saint Erasme. Les prières devant les sépulcre sont les même que celles du jeudi soir plus le « Vexilla Regis ». A noter que toutes les confréries repartent de l’adoration de saint Erasme en chantant le magnifique « Stabat Mater »

        Lors de ces processions qui durent environ deux heures, le porte-croix est pieds nus et cagoulé, entouré par les porteurs de « fanas », aucune châsse n’est sortie.

        La Croix est drapée d’une étole blanche représentant le linceul de la sépulture vide du Christ. Elle est surmontée d'une palme tressée symbolisant le Christ en Croix

        Par tradition le menu du repas du vendredi Saint sera constitué de pois chiches accompagnés d’anchois et morue en salade.

        Le vendredi Saint après midi.

        A 16h tous les confrères se retrouvent comme le jeudi dans le choeur de l’église Saint Marie pour chanter l’office des ténèbres. Le rituel est le même que celui du jeudi. L’office est un peu plus court que celui du jeudi (les psaumes sont moins longs). Les enfants manient la crécelle (« troculla » en Bonifacien) qui remplace la cloche qui ne teinte pas en signe de deuil.

        Le vendredi Saint au soir

        chasse de Sainte Croix (détail)

        A 21h processions dites des « grandes châsses ». Toutes les confréries vont se rejoindre en l’église Sainte Marie avec chacune leur magnifique crucifix. Comme le Jeudi Saint, les confrères de Saint Erasme se fondent dans les quatre autres confréries.

        La confrérie Sainte croix part toujours la première, après que le curé ait placé la relique du morceau de la vraie croix à sa place sur la châsse, qui sera pour l’occasion surmontée d’un baldaquin (seule différence avec la châsse du jeudi Saint). Arrivé à Ste Marie, le curé reprend la relique la place dans le reliquaire qui est déposé sur l'autel. La confrérie entonne alors le « Vexilla Regis ».


        A 21h15

        La confrérie Saint Jean Baptiste arrive à Ste Marie. Avant de rentrer, la confrérie s’arrête, s’agenouille et en hommage à la sainte Croix, chante le « Vexilla Regis » (l’avant dernier et le dernier couplet). Elle entonne le
        « Hic est enim ».
        La châsse représente St Jean Baptiste sur le point d’être décapité en présence d’Hérodiade et Salomée ,

        A 21h45

        La confrérie Saint Barthélemy arrive à Ste Marie ; sa châsse représente le Saint martyr écorché vif, entouré de ses bourreaux. Son poids qui avoisine les 800kg, oblige les confrères à saluer la Ste Croix une fois entrés, en chantant les 2 derniers couplets du « Vexilla Regis ».

        A 22h

        La confrérie Sainte Marie Madeleine arrive à son tour, s’arrête sur le parvis de l’église, chante les trois couplets du
        « Vexilla Regis ». La châsse représente l’adoration de Jésus crucifié par trois femmes fidèles du calvaire : Ste Marie, Ste Marthe Marie et Ste Marie Madeleine. Cette châsse est la seule à ne sortir en procession qu’une seule fois par an.

        Les quatre châsses sont maintenant alignées dans l’allée centrale de l’église.

        Après l’homélie du curé, la chorale chantera le « Christus » à trois voix, suivit de l’émouvant « Miserere solennel » des confrères, repris en coeur par toute l’église.

        A partir d’environ 22h30 et après avoir chanté le « Vexilla Regis » en entier, suivi de l’oraison à la Sainte croix, le curé donnera la bénédiction avec le reliquaire du morceau de la vraie Croix.

        Et en chantant le Stabat Mater la confrérie Ste Croix regagnera sa chapelle.

        A noter que durant le chemin du retour, la confrérie Sainte croix s’arrêtera rue Fred Scamaroni. Les confrères se retourneront agenouillés vers la châsse (excepté le porte-croix) et chanteront « O crux Ave Spes Unica ». Le couplet fini, il repartent en reprenant le « Stabat Mater ».

        Arrivés dans la chapelle le curé ôte le morceau de la vraie Croix de la châsse, le remet dans le reliquaire, et va donner pour la dernière fois après le « Vexilla Regis » et l’oraison à la Sainte Croix, la bénédiction avec le morceau de la vraie Croix.

        Les trois autres confréries après avoir chanté le « Vexilla Regis » regagnent, en chantant le « Stabat Mater » (dans le même ordre d’arrivée) son église ou chapelle respective.

        Les confrères peuvent maintenant se restaurer en mangeant comme le veut la tradition et Vendredi Saint oblige, , anchois, thon, fèves et les fameuses « fugazzi », le tout arrosé de vin.